Projects d'art

Déjà durant la période des « Canonprojecten  »(Canon : la cellule culturelle du département enseignement de la communauté flamande )  » je m’occupais des écoles, des associations de jeunesse, des institutions pour les handicapés, des groupes d’adultes. Dès lors je développais ma propre vision sur la méthode et la didactique, cristallisée par une diversité d’expériences. Quand je suis invité en tant qu’artiste dans le cadre scolaire, je me positionne comme  »confrère chargé de cours sur la capacité créatrice »  ,’. C’est une définition qui n’est pas prétentieuse, mais au contraire vise l’égalité et la clarté sur le plan pédagogique. Cela constitue l’élément le plus rafraîchissant d’une confrontation avec quelqu’un qui ne fait pas partie du circuit. Nous sommes les spécialistes de branche sans les qualités des pédagogues de matière.

La différence essentielle entre une oeuvre d’art et une matière scolaire se concentre sur le fait que dans une oeuvre d’art se compose un nouvel ensemble à partir des éléments du chaos. Puis cet ensemble devient le but en soi. La force communicative de l’oeuvre d’art détermine sa valeur intrinsèque. Par contre, la matière d’un cours part d’une structure existante, ayant pour but   de l’intérioriser, la transformer en connaissance, en compétence.

Pour cette raison j’ose comparer les projets d’arts avec la gymnastique spirituelle. On ouvre des fûts de sang dans un sens psychologique. Rester en mouvement perpétuel est une nécessité, et quelle discipline est plus délicieuse que les formes artistiques ? La capacité créatrice de chacun constitue l’accès à cet univers, il n’y a pas de blocage!   De plus, comme le Latin et le Grec, l’art peut être pratiqué sans préjugé concernant la formation générale, les deux premiers pour développer la structure et l’hygiène, l’art pour la croissance et la culture personnelle.

Bien entendu, il y a beaucoup d’angles d’incidence lorsqu’il s’agit d’art. Déjà la définition de la notion s’écrase sous le poids de ses propres implications. Même si nous comprenons à priori ce qu’est l’art, nous voyons de plus en plus d’expressions artistiques dont nous nous demandons si l’on peut encore les qualifier d’artistiques.

La difficulté est claire : Est-il possible de formuler une définition adéquate?

Pourtant ces réflexions sont nécessaires pour les artistes de projets scolaires. Nous sommes déjà trop souvent confrontés à des questions sur ce point. Les questions les plus difficiles sont par exemple ‘ qui est artiste et qui ne l’est pas ? ‘, ‘ qui est grand ou insignifiant ?’, ‘ ou est-ce que l’art cesse et le kitsch commence ? ‘,   ce qui est art ou non-art ‘, ‘ ce qui est non sens,   contemporain,   ou réactionnaire ? ‘.

Personnellement, j’essaie d’expliquer le classement de façon didactique et simple.

L’artiste est le spécialiste sur la capacité créatrice, et utilise ses autres capacités   en fonction de celle-ci, de façon consciente ou pas.   Tout le monde crée une hiérarchie de ses capacités à réaliser soi-même, chacun à sa façon. L’artiste est en ce sens pris par une vocation, comme un boulanger ou un médecin.

Les éléments de base de l’artiste sont programmés dans chaque ordinateur humain, ce qu’on remarque déjà facilement chez les petits enfants. Il y a les couleurs, les notes, les lettres, les chiffres et les formes. Et avec ces éléments-là on peut   commencer à jouer.  

Maintenant, nous obtenons la distinction entre l’artiste créateur et l’artiste exécutif, comme le compositeur et le musicien, l’écrivain et le comédien. Le créateur se trouve nu devant sa matière, l’artiste exécutif part d’une intervention humaine déjà construite. Pourtant l’élément de base peut être un poème ou un oeuvre musical. Le poème peut être remodelé en acte musical, l’oeuvre musical jusqu’à un spectacle de danse. À chaque fois naît un nouvel ensemble, une nouvelle ` créature ‘.

Ce qui est essentiel pour l’artiste lui-même vaut aussi pour les projets scolaires. Nous nous trouvons devant le défi d’agir personnellement, mais aussi en groupe (la personnalité de d’un groupe n’est pas à sous-estimer!). Oser disloquer les modèles étalonnés, oser commémorer, oser rafraîchir, oser formuler personnellement. Aussi la capacité   d’exprimer des structures émotionnelles et idéalistes dans un cadre esthétique, qui ne peuvent être exprimées que via   les formes d’art, est un objectif primordial à poursuivre.

Kosovo Zottegem 1999
Totem en Wigwam Gentbrugge 1998
Spinnen Oosterzele 2000
MultiCulti-ArtWalk Oosterzele 2002
Vlinder EDUGO Oostakker 2002
Olifanten GILO Scheldewindeke 2019 | 

Giraffen. GILO Oosterzele 2010

En 2010, les élèves de l’école primaire municipale GILO ont fabriqué cinq girafes en fer et en plâtre. Tout le monde s’est tellement attaché à ces créatures, censées égayer la fête du printemps, qu’elles sont restées en permanence à l’école. Trois ans plus tard, lorsque les girafes ont été rafraîchies, on leur a donné des couleurs vives. Quatre des cinq, du moins, car l’une d’entre elles semblait perdue.
Certains parents ont commenté leur retour :
On peut vraiment dire que c’est « plus qu’un grand coup de pouce », hourra ! Les girafes sont en effet devenues un élément incontournable du GILO et il est bon qu’elles puissent y rester ! »
« Au nom de tous les parents qui ont des enfants au GILO, je pense que je peux certainement faire plus qu’un grand compliment à l’artiste Lucas Van Haegenborgh. Il a rendu possible la création de ces magnifiques girafes familiales avec l’aide des enfants, des enseignants et de certains parents. Elles sont depuis devenues le panneau d’affichage de l’école. Merci Lucas ! »

Pegasus. VTI Lokeren 2003

Ce grand projet culturel, auquel ont participé toutes les classes de métal de VTI-Lokeren, est né d’un brainstorming avec les enseignants. Pégase, le messager ailé des cultures anciennes, a été réalisé à une vitesse incroyable par des centaines de personnes en quatre jours. Il est devenu un monumental destrier en acier de quatre mètres de haut, six mètres de long et six autres mètres d’un bout à l’autre de l’aile. La sculpture porte la signature de Lucas Van Haegenborgh dans toutes ses facettes. Il a d’ailleurs réalisé la tête tout seul.

Toureau. GITBO Keerbergen 2005

Cette sculpture était un autre projet de cellule de culture Canon, cette fois pour un groupe plus restreint d’élèves métallurgistes à Keerbergen. Comme pour Pegasus, Lucas a utilisé la méthode Rubensienne : le maître trace les lignes, les élèves les épaississent.
L’école a signé un accord – afin de ne pas s’approprier la propriété intellectuelle comme elle avait essayé de le faire à Lokeren – et pourtant, des années plus tard, il s’est avéré que la sculpture avait été déplacée dans le hall du premier étage de l’hôtel de ville, dans la salle. Il a fallu de nombreux mois d’efforts pour y ajouter le nom de Lucas Van Haegenborgh.

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